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un sujet propre à mon plan, un homme avec lequel je crus que je pourrais être coquette sans aucun danger pour moi : c’était un certain colonel Lawless, fat consommé, qui n’avait rien dans la tête. Je me dis à moi-même : Le monde ne croira jamais que lady Delacour ait quelque attachement pour un homme de cette espèce ; mais mylord le croira ; rien n’est trop absurde pour lui. La moitié de ma théorie se trouva juste ; c’était déjà bien honnête pour de la théorie. Mylord avalait le poison à longs traits, avec une bonhomie qui me divertissait fort : j’eus un succès complet sur ce point, et il devint fou de jalousie. Alors je repris de l’espérance, parce qu’on peut mener un fou, au lieu qu’un sot on ne le peut pas. Au bout d’un mois, je le vis arriver avec une face allongée ; et il me dit qu’à l’avenir il ferait tout ce que je voudrais, pourvu que je consultasse son honneur et le mien, et que j’abandonnasse le colonel.