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après l’autre, en les vantant à sa manière : l’une vous siérait à merveille, l’autre est d’un dessin charmant, une troisième est à la mode du jour, une quatrième est d’un usage admirable ; enfin, il y a de quoi hésiter long-temps. On se lasse, on se tourmente ; il se fait tard, et l’on finit par prendre ce qu’il y a de plus médiocre. C’est précisément la même chose pour les jeunes héritières dans le choix d’un mari, et c’est là mon histoire à moi. Je pris le vicomte Delacour, parce que j’étais lasse d’hésiter : il venait, dans ce moment-là, de perdre à New-Market plus d’argent qu’il n’en avait jamais eu ; ma fortune lui allait donc fort bien, il ne voulait guère que cela de moi.

Je vous ai dit qu’il n’y avait point d’amour dans mon histoire, et j’ai eu tort ; car je me souviens qu’à dix-huit ans, j’avais dans la tête quelque chose qui ressemblait assez à de l’amour, pour un certain Henry