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de génération en génération, se déchirer, être déchirées et calomniées : — voilà le monde. Vous connaissez presque toutes les personnes dont mon portier reçoit les cartes, et qui semblent ne pouvoir pas se passer de moi deux jours par semaine ; eh bien ! pensez-vous que je sois assez leur dupe pour croire qu’elles verseraient une seule larme si elles apprenaient demain que je suis au fond de la mer Noire ? — Non, non, ma chère, je n’ai point une seule amie véritable parmi toutes mes connaissances, si j’en excepte mistriss Freke. — Suivez mon exemple, Bélinde, traversez la foule avec assurance ; coudoyez, et n’allez pas vous confondre en excuses. — Sous le masque, comme dans le monde, il faut, j’ose le dire, un peu d’effronterie. Ayez l’air d’être peu sensible à presque rien, et on vous reconnaîtra bientôt pour une femme à la mode ; — vous vous marierez mieux que toutes vos cousines, — c’est moi