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ment de triompher de Bélinde en flattant sa beauté ; elle voulut s’insinuer dans son esprit, en lui donnant une haute opinion de son jugement. J’aimerais mieux, lui dit-elle, être un vrai démon qu’un ange faible.

Vous oubliez, lui répondit Bélinde ; ce que dit Satan dans Milton. —

Je vois que vous lisez, dit Henriette en l’interrompant ; je ne vous croyais pas savante : je ne lis jamais ; les livres ne servent qu’à détruire l’originalité. Ils ne sont bons que pour ceux qui ne peuvent pas se former une opinion d’après leurs propres idées. On apprend cent fois plus par la conversation, que par cent ans de lecture ; les livres sont pleins de faux raisonnemens.

Et jamais la conversation n’a le même défaut, répondit Bélinde.

Mistriss Freke regarda les différens titres des livres qui étaient sur la table ; et elle les jugea avec toute la présomption de l’ignorance.