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ont peu d’usage du monde. Son caractère était ardent et franc, incapable de dissimulation ; il connaissait si peu les hommes, qu’il pouvait à peine croire que la fausseté existât dans le monde, même quand il en était la victime. Si l’on citait un trait de bassesse d’un gentilhomme, son étonnement était extrême ; car il regardait l’honneur et la générosité presque comme le privilége exclusif de la noblesse. Ses opinions étaient extrêmement aristocratiques. Il avait de l’orgueil, et jamais d’insolence. Son esprit s’abandonnait aux préjugés, et rarement il raisonnait. Cependant il était philosophe sans le savoir, puisqu’il jouissait du présent sans être troublé par le regret du passé, ni malheureux par la crainte de l’avenir : il se livrait aux plaisirs en épicurien, et bravait le malheur avec une indifférence stoïque. Son humeur était toujours égale et riante : les personnes d’un caractère