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avez une présence d’esprit si admirable, que rien ne peut vous déconcerter. Vous êtes toujours la même dans toutes les situations, et vous n’avez aucun besoin des longues lettres et des conseils de votre tante Stanhope.

En disant ces derniers mots, ses yeux étaient fixés sur la lettre, qui était tombée aux pieds de Bélinde.

La manière sans suite avec laquelle lady Delacour parlait, la vivacité de ses mouvemens, ses yeux, où se peignaient tour-à-tour la colère et le soupçon, son rire convulsif, ses mots inintelligibles, tout conspirait, dans ce moment, à faire croire à Bélinde qu’elle perdait la tête. Elle était si fort persuadée de son indifférence pour lord Delacour, qu’elle ne pouvait même admettre la possibilité que son cœur fût livré à la jalousie. Elle était encore plus loin de croire à cette espèce de jalousie qu’elle n’avait jamais sentie, et qu’elle ne pouvait comprendre ; mais elle