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sentit croître ses craintes de finir par épouser une nièce de cette personne, si bien connue pour avoir réussi, par ses artifices, à marier richement plusieurs de ses parentes.

Les jeunes filles qui ont le malheur d’être sous la tutelle de ces femmes à grands desseins sont toujours supposées être de moitié dans les spéculations, quoique leurs noms ne paraissent pas. Sans le préjugé défavorable que mistriss Stanhope inspirait à M. Hervey, il aurait cru Bélinde sans malice et sans art ; mais ce préjugé la lui fit considérer comme une personne profondément artificieuse ; et, tout en éprouvant les effets de ses charmes, il la méprisait du fond du cœur, pour la coquetterie dans laquelle, si jeune encore, elle se montrait consommée. Il n’eut pas la force de s’interdire sa société ; mais il maudissait sa faiblesse, et il éprouvait une sorte de terreur des suites de l’entraînement auquel il se laissait aller.