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de voir dans une même nuit la désolation de mistriss Luttridge, et le triomphe de ma Bélinde. Adieu, mon amour, un autre jour je serai plus heureuse. —

Après le départ de son amie, Bélinde se retira dans la bibliothèque, où elle s’occupa si agréablement, que ce fut avec surprise qu’elle entendit sonner minuit.

Est-il possible, s’écria-t-elle, que trois heures se soient écoulées si rapidement ? Combien je suis changée ! il y a six mois que manquer une fête eût été pour moi un vif chagrin. Il est singulier que, d’avoir passé un hiver avec la femme la plus dissipée de l’Angleterre, ait éteint mon goût pour la dissipation ; si je n’eusse pas connu tous les plaisirs du monde, mon imagination, en me les peignant trop en beau, me les aurait fait aimer peut-être toute ma vie. Ma propre expérience m’a convaincue que ce qu’on appelle la vie du monde, celle d’une femme à la