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il les couvre de fleurs : on se jette sans nécessité au milieu du danger, on y arrive sans armes, et ceux qui veulent dire la vérité sont voués au ridicule. Le luxe est porté à son comble, les arts encensent à l’envi la volupté. La mode dirige en tyran la morale ; elle place à son gré les bornes du bien et du mal ; ses jugemens sont sans appel. Elle ne demande pas, elle ordonne une soumission aveugle. On ne lutte plus contre les passions, ce siècle est leur règne, les romans sont leur code : non seulement il faut en lire, mais, dans plusieurs pensions renommées, chaque jeune personne doit écrire une nouvelle par décade. On regarde comme nécessaire à l’éducation d’apprendre aux jeunes élèves à devenir auteurs de romans, jusqu’à ce qu’ils puissent en devenir les acteurs. Ceux