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tion perdue, il ne me restera rien. — Vivre sur la pitié d’autrui ! Oh ! quel insupportable supplice !… Représentez-vous pour moi, qui n’ai ni parens, ni amis, ce que ce serait d’être réduite à un lit de douleur !… Et pourtant il faudra y venir peut-être !… Mais pas encore !… Non pas encore ! Je veux continuer à jouer mon rôle, à agir, à m’étourdir. Si je m’arrêtais un moment, je serais perdue !…

L’idée de ce malheureux colonel que j’ai assassiné se présente à moi dès que j’ai un moment de réflexion.

Il y a bientôt neuf ans que cet événement est passé. J’ai constamment vécu dans la dissipation. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour étouffer ce souvenir : rien n’a réussi. La conscience est là !… On s’en moque de la conscience ! Ah ! que ceux qui portent le germe d’une destruction prochaine, et qui sont chargés du sang d’un innocent, se moquent de