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ses voyages. Il avait gagné beaucoup : je le trouvai très-bien. Je sus qu’il avait dit de moi que j’étais la femme de mon âge la plus agréable de l’Europe. Ce compliment me piqua, et je résolus de faire impression sur lui pour m’en venger. Essayez de faire quelque effet sur un homme stupide, un esprit réglé, c’est-à-dire vulgaire, sur un homme qui ne voit dans les choses que ce qu’il y a réellement : vous n’y réussirez point, à moins que vous n’ayez dix-huit ans, que vous ne soyez belle et aimable comme vous l’êtes, Bélinde ; mais, avec un homme qui a de l’esprit et l’imagination, c’est bien différent, il voit et entend avec les yeux et les oreilles de l’imagination. Qu’on soit jeune ou non, et même sans beauté, avec de l’esprit, de la grace, de la séduction, on fait ce qu’on veut d’un tel homme.

Vous êtes tout étonnée, ma chère Bélinde, qu’à mon âge, et après ce que j’ai eu à souffrir de l’aventure du colo-