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tâmes au milieu d’eux pour les séparer : ce fut alors que je reçus ce coup violent dont vous avez vu les horribles suites. La douleur que j’éprouvai dans ce moment ne fut rien en comparaison de ce que je souffris depuis ; cependant je jetai un cri déchirant, et l’on m’emporta sans connaissance dans ma voiture. Cette scène arrêta la fureur des deux rivaux ; et, lorsque je revins à moi, nous nous réjouîmes, Henriette et moi, d’avoir pu épargner le sang de son cousin.

Clarence Hervey s’occupait beaucoup de moi, mais il n’avait pas le temps de s’attacher à rien d’une manière un peu sérieuse. Il avait alors une vingtaine d’années ; il était tout ardeur et présomption ; il soutenait ses opinions avec une sorte d’enthousiasme ; il mettait à tout une candeur qui charmait. Il n’y avait rien encore d’arrêté dans sa tête, les absurdités les plus évidentes le séduisaient quelquefois ; mais, après avoir fait briller son esprit