pour moi. Je résolus donc de me taire, croyant fermement que ce ne serait pas le colonel qui parlerait le premier.
Dès le lendemain, l’aventure était publique : chacun la racontait à sa manière, avec des exagérations qui me revinrent, et qui me mirent au désespoir. J’étais dans une rage inexprimable contre le colonel ; et au moment où je donnais l’essor à mon indignation, dans une grande assemblée, quelqu’un arriva hors d’haleine, et raconta que Lawless venait d’être tué en duel par lord Delacour ; qu’on rapportait son corps chez sa mère, et que les porteurs passaient dans ce moment sous les fenêtres. Tout le monde y courut ; et moi je perdis connaissance. Quand je revins à moi, j’éprouvai le sentiment le plus douloureux que j’aie connu de ma vie, celui d’avoir à répondre du sang d’une créature humaine…
Quand mylady en fut là de son histoire, elle se leva d’un air inquiet et égaré, qui