Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du ridicule l’emportait sur la crainte du vice. Mais mon inquiétude et mon malaise étaient évidens.

Qu’avez-vous donc ? me dit Henriette quand nous sortîmes de la maison : on dirait que vous n’osez pas vous fier à nous ; et de qui avez vous peur ici ? est-ce de moi, du colonel ou de vous ?

Il y avait dans ce dernier mot quelque chose de si mordant et de si humiliant, que je ne sentis que cela, et que je n’eus rien autre chose à cœur que de bien montrer que j’étais sûre de moi-même : à force de fausse honte, je n’eus plus de honte.

Vous croyez peut-être, ma chère amie, que les femmes de ma tournure ne connaissent guère la fausse honte : elles en sont esclaves au contraire, malgré toute l’assurance qu’elles affectent ; croyez-m’en sur ma parole : je moralise parce que j’approche d’un événement que je voudrais bien taire ; mais je vous ai promis de tout dire.