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Elle se remariera donc de son vivant ? reprit Henriette.

Vous l’avez dit, répondit la voix mystérieuse.

Je me sentis vivement en colère. Le colonel s’en apperçut, et je crois qu’il aurait fait finir la plaisanterie ; mais rien ne pouvait arrêter Henriette : elle avait mis de côté la modestie d’une femme, sans prendre la décence d’un homme.

Qui sera son second mari ? demanda-t-elle ; vous pouvez nous le nommer, personne ici ne s’en fâchera.

Qu’elle le demande à son amant ! répondit l’oracle.

Henriette et le colonel jouissaient sans pitié de mon embarras ; et il était extrême. Toute folle, toute légère que j’étais, une faute grave était pour moi une chose effrayante. Les idées de divorce, d’éclat et de honte publique, se présentèrent à mon imagination avec force ; et cependant je n’osais pas être moi-même : la crainte