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ment pour obtenir plus de place dans la cale ; car avec une charge complète de marchandises telles que le tabac et la farine, il ne peut pas y avoir de jeu ; il n’y a aucun danger que les pièces bougent, ou du moins il n’en peut résulter aucun inconvénient grave. Il y a eu, à la vérité, des cas où ce procédé de pressurage au cric a amené les plus déplorables conséquences, résultant d’une cause tout à fait distincte du danger des déplacements dans la cargaison. Il est connu, par exemple, qu’une charge de coton, serrée et pressurée dans certaines conditions, peut, par l’expansion de son volume, opérer des fissures dans un navire et occasionner des voies d’eau. Indubitablement, le même résultat aurait lieu dans le cas du tabac lorsqu’il subit sa fermentation ordinaire, sans les interstices qui se forment naturellement sur la partie arrondie des pièces.

C’est quand on embarque une portion de cargaison que le danger du mouvement est particulièrement à craindre, et qu’il faut prendre toutes les précautions pour se garder d’un tel malheur. Ceux-là seulement qui ont essuyé un violent coup de vent, ou, mieux encore, ceux qui ont subi le roulis d’un navire, quand un calme soudain succède à la tempête, peuvent se faire une idée de la force effroyable des secousses. C’est alors que la nécessité d’un arrimage soigné, dans une cargaison partielle, devient manifeste. Quand un navire est à la cape (surtout avec une petite voile d’avant), si son avant n’est pas parfaitement construit, il est fréquemment jeté sur le côté ; ceci peut arriver toutes les quinze ou vingt minutes, en moyenne, sans qu’il en résulte des conséquences