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il n’avait pas pensé à me faire part de cette circonstance en m’apportant la montre.

Depuis la révolte, Auguste le voyait pour la première fois, faisant son apparition avec Dirk Peters, et il croyait l’animal perdu, supposant qu’il avait été jeté par-dessus bord par un des méchants drôles qui faisaient partie de la bande du second. Il se trouva qu’il s’était traîné dans un trou sous une baleinière, d’où il ne pouvait plus se dégager, n’ayant pas suffisamment de place pour se retourner. Enfin Peters le délivra, et, avec une espèce de bon sentiment que mon ami sut apprécier, il le lui amenait dans le gaillard d’avant pour lui tenir compagnie, lui laissant en même temps une petite réserve de viande salée et des pommes de terre, avec un pot d’eau ; puis il remonta sur le pont, promettant de descendre encore le lendemain, avec quelque chose à manger.

Quand il fut parti, Auguste délivra ses deux mains de ses menottes et délia ses pieds ; puis il rabattit le haut du matelas sur lequel il était couché, et, avec son canif (car les brigands avaient jugé superflu de le fouiller), il commença à entamer vigoureusement l’une des planches de la cloison, aussi près que possible du plancher qui faisait le fond du cadre. Ce fut l’endroit qu’il choisit, parce que, s’il se trouvait soudainement interrompu, il pouvait cacher la besogne commencée en laissant simplement retomber le haut du matelas à sa place ordinaire. Mais pendant tout le reste du jour, il ne fut pas dérangé, et, à la nuit, il avait complètement coupé la planche. Il faut remarquer qu’aucun des hommes de l’équipage ne se servait du gaillard d’avant comme de lieu