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dans un si petit espace, me laissant toutefois une place suffisante pour me tenir à ma guise, soit sur mon séant, soit couché tout de mon long. Il y avait, entre autres choses, quelques livres, des plumes, de l’encre et du papier, trois couvertures, une grosse cruche pleine d’eau, un petit baril de biscuits, trois ou quatre énormes saucissons de Bologne, un vaste jambon, une cuisse froide de mouton rôti, et une demi-douzaine de cordiaux et de liqueurs. Je pris tout de suite possession de mon petit appartement avec un sentiment de satisfaction plus vaste, j’en suis certain, que jamais monarque n’en éprouva en entrant dans un nouveau palais. Auguste m’indiqua alors le moyen de fixer le côté mobile de la caisse ; puis, rapprochant la bougie tout contre le pont, il me montra un bout de corde noire qui y était attaché. Cette corde, me dit-il, partait de ma cachette, serpentait à travers tout l’arrimage, et aboutissait à un clou fixé dans le pont, juste au-dessous de la trappe qui conduisait dans sa cabine. Au moyen de cette corde, je pouvais facilement retrouver mon chemin sans qu’il me servît de guide, au cas où quelque accident imprévu rendrait ce voyage nécessaire. Il prit alors congé de moi, me laissant la lanterne, avec une bonne provision de bougies et de phosphore, et me promettant de me rendre visite aussi souvent qu’il le pourrait faire sans attirer l’attention. Nous étions alors au 17 juin.

Je restai dans ma cachette trois jours et trois nuits (autant, du moins, que je pus le deviner) sans en sortir, excepté deux fois, pour étirer mes membres à mon aise en me tenant debout entre deux cages, juste en face de