six en largeur, avec une profondeur générale de quatre pieds et demi ; — ces bateaux, comme on le voit, diffèrent singulièrement par leur forme de ceux de tous les habitants de l’Océan du Sud avec lesquels les nations civilisées ont pu entretenir des relations. Nous n’avions jamais cru qu’ils pussent être l’œuvre des ignorants insulaires qui les possédaient ; et, quelques jours après, nous découvrîmes, en questionnant notre prisonnier, qu’en réalité ils avaient été construits par les naturels habitant un groupe d’îles au sud-ouest de la contrée où nous les avions trouvés, et qu’ils étaient tombés accidentellement dans les mains de nos affreux barbares.
Ce que nous pouvions faire pour la sûreté de notre bateau était vraiment bien peu de chose. Nous découvrîmes quelques larges fentes auprès des deux bouts, et nous nous ingéniâmes à les raccommoder de notre mieux avec des morceaux de nos chemises de laine. À l’aide des pagaies superflues, qui se trouvaient en grande quantité, nous dressâmes une espèce de charpente autour de l’avant, de manière à amortir la force des lames qui pouvaient menacer d’embarquer par ce côté. Nous installâmes aussi deux avirons en guise de mâts, les plaçant à l’opposite l’un de l’autre, chacun sur un des plats-bords, nous épargnant ainsi la nécessité d’une vergue. À ces mâts nous attachâmes une voile faite avec nos chemises ; — ce qui nous donna passablement de mal, car en cela il nous fut impossible de nous faire aider par notre prisonnier, bien qu’il ne se fût pas refusé à travailler à toutes les autres opérations. La vue de la toile parut l’affecter d’une façon très-singulière. Nous ne pûmes ja-