Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’en alla clopinant tout le long de la rue, frémissant toujours de rage et marmottant entre ses dents : — Ça ne va pas ! — des lunettes neuves ! — j’aurais juré que c’était Gordon ; — maudit propre à rien de matelot du diable !

Après l’avoir échappé belle, nous continuâmes notre route avec plus de prudence, et nous arrivâmes heureusement à notre destination. Il n’y avait qu’un ou deux hommes à bord, et ils étaient occupés à je ne sais quoi sur le gaillard d’avant. Le capitaine Barnard, nous le savions, avait affaire chez Lloyd et Vredenburg, et il y devait rester fort avant dans la soirée ; nous n’avions donc pas grand’chose à craindre de son côté. Auguste monta le premier à bord du navire, et je l’y suivis bien vite, sans avoir été remarqué par les hommes qui travaillaient. Nous entrâmes tout de suite dans la chambre, et nous n’y trouvâmes personne. Elle était installée de la manière la plus confortable, chose assez insolite à bord d’un baleinier. Il y avait quatre excellentes cabines d’officier avec des cadres larges et commodes. Je remarquai aussi un vaste poêle et un tapis très-beau et très-épais qui recouvrait le plancher de la chambre et des cabines d’officier. Le plafond était bien à une hauteur de 7 pieds, et tout était d’une apparence plus vaste et plus agréable que je ne l’avais espéré. Auguste, toutefois, n’accorda que peu de temps à ma curiosité et insista sur la nécessité de me cacher le plus promptement possible. Il me conduisit dans sa propre cabine, qui était à tribord et tout près de la cloison étanche. En entrant, il tira la porte et la ferma au verrou. Il me sembla que je n’avais jamais vu