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par un précipice d’une immense profondeur, et, comme il nous était impossible de descendre le long de sa paroi, nous fûmes contraints de revenir sur nos pas en suivant la ravine principale.

Nous poussâmes alors vers l’est, mais nous n’eûmes pas meilleure chance, et le cas se trouva exactement semblable. Après une heure d’une gymnastique à nous casser le cou, nous découvrîmes que nous étions simplement descendus dans un vaste abîme de granit noir, dont le fond était recouvert d’une poussière fine, et d’où nous ne pouvions sortir que par la route raboteuse que nous avions suivie pour y descendre. Nous nous échinâmes donc de nouveau sur ce chemin périlleux, et puis nous tentâmes la crête nord de la montagne. Là, nous fûmes obligés de manœuvrer avec toutes les précautions imaginables, car la plus légère imprudence pouvait nous exposer en plein à la vue des sauvages du village. Nous nous mîmes donc à ramper sur nos mains et sur nos genoux, et de temps en temps il nous fallait nous jeter à plat-ventre, traînant alors notre corps en tirant sur les arbustes. Avec toutes ces précautions nous n’avions encore fait que fort peu de chemin, quand nous arrivâmes à un abîme encore plus profond qu’aucun que nous eussions vu jusque-là, et qui conduisait directement dans la gorge principale. Ainsi nous vîmes nos craintes parfaitement confirmées, et nous nous trouvâmes complètement isolés et sans accès possible vers la contrée située au-dessous de nous, Radicalement épuisés par tant d’efforts, nous regagnâmes de notre mieux la plate-forme, et, nous jetant sur notre lit de feuilles, nous dormîmes pen-