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nos espérances. Après un mois environ passé de cette façon, sans avoir pu rencontrer un plan d’une réussite vraisemblable, il me dit enfin qu’il avait pourvu à tout.

J’avais un parent qui vivait à New-Bedford, un M. Ross, chez qui j’avais l’habitude de passer quelquefois deux ou trois semaines. Le brick devait mettre à la voile vers le milieu de juin (juin 1827), et il fut convenu qu’un jour ou deux avant qu’il prît la mer, mon père recevrait, comme d’habitude, un billet de M. Ross, le priant de m’envoyer vers lui pour passer une quinzaine avec Robert et Emmet, ses fils. Auguste se chargea de rédiger ce billet et de le faire parvenir. Ayant donc feint de partir pour New-Bedford, je devais rejoindre mon camarade, qui me préparerait une cachette à bord du Grampus. Cette cachette, m’assura-t-il, serait installée d’une manière assez confortable pour y pouvoir rester quelques jours, durant lesquels je devais ne pas me montrer. Quand le brick aurait fait suffisamment de route pour qu’il ne pût pas être question de retour, alors, dit-il, je serais formellement installé dans toutes les jouissances de la cabine ; et quant à son père, il rirait de bon cœur de ce joli tour. Nous rencontrerions bien assez de navires par lesquels je pourrais faire parvenir une lettre à mes parents pour leur expliquer l’aventure.

Enfin, la mi-juin arriva, et tout était suffisamment mûri. Le billet fut écrit et envoyé, et un lundi au matin je quittai la maison, feignant de me rendre au paquebot de New-Bedford. Cependant j’allai tout droit à Auguste, qui m’attendait au coin d’une rue. Il entrait dans notre plan primitif que je me tiendrais caché jusqu’à la brune,