Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

but, nous arrangeâmes quelques broussailles au-dessus de l’ouverture dont j’ai parlé, celle à travers laquelle nous avions aperçu un morceau de ciel bleu, quand, remontant du gouffre, nous avions atteint la plate-forme. Nous ne laissâmes qu’un très-petit orifice, juste assez large pour nous permettre de surveiller la baie, sans courir le risque d’être aperçus d’en bas. Quand nous eûmes fini, nous nous félicitâmes de la sûreté de notre position ; car aussi longtemps qu’il nous plairait de rester dans la ravine et de ne pas nous hasarder sur la colline, nous étions absolument à l’abri de toute observation. Nous n’apercevions aucune trace qui prouvât que les sauvages fussent jamais entrés dans ce trou ; mais quand nous en vînmes à réfléchir que la fissure à travers laquelle nous y étions parvenus avait été probablement opérée tout récemment par la chute du versant opposé, et que nous ne pouvions découvrir aucune autre voie pour y arriver, nous ne fûmes pas aussi portés à nous réjouir de la sécurité de notre abri qu’effrayés de l’idée qu’il nous serait absolument impossible de descendre. Nous résolûmes d’explorer entièrement le sommet de la colline, jusqu’à ce qu’une bonne occasion vînt s’offrir à nous. Cependant nous surveillions tous les mouvements des sauvages à travers notre lucarne.

Ils avaient déjà complètement dévasté le navire, et ils se préparaient maintenant à y mettre le feu. En peu de temps nous vîmes la fumée monter en lourds tourbillons à travers la grande écoutille, et bientôt une masse épaisse de flammes s’élança du gaillard d’avant. Le gréement, les mâts et ce qui pouvait rester des voiles prirent feu immédiatement, et l’incendie se propagea rapidement