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XXI

CATACLYSME ARTIFICIEL.

Aussitôt que je pus rappeler mes sens éperdus, je me sentis presque suffoqué, pataugeant dans une nuit complète parmi une masse de terre diffuse qui croulait lourdement sur moi de tous les côtés et menaçait de m’ensevelir entièrement. Horriblement alarmé par cette idée, je m’efforçai de reprendre pied, et à la fin j’y réussis. Je restai alors immobile pendant quelques instants, m’appliquant à comprendre ce qui m’était arrivé et où je pouvais être. Bientôt j’entendis un profond gémissement tout contre mon oreille et peu de temps après la voix étouffée de Peters qui me suppliait au nom de Dieu de venir à son aide. Je m’avançai péniblement d’un ou deux pas, et je tombai juste sur la tête et les épaules de mon camarade, que je trouvai enseveli jusqu’à mi-corps dans une masse de terre molle, et qui luttait avec désespoir pour se délivrer de cette oppression. J’arrachai la terre tout autour de lui avec toute l’énergie dont je pouvais disposer, et je réussis à la longue à le tirer d’affaire.

Aussitôt que nous fûmes suffisamment revenus de notre frayeur et de notre surprise et que nous pûmes causer raisonnablement, nous en vînmes tous deux à cette conclusion, que les murailles de la fissure dans laquelle nous nous étions aventurés s’étaient, par quelque convulsion de la nature ou probablement par leur