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rapporteront davantage sur les marchés de Manille, de Singapour et de Batavia. »

Nous entrâmes donc en arrangement, et nous débarquâmes immédiatement tout ce qui était nécessaire pour commencer les bâtiments et déblayer le terrain. Nous fîmes choix d’un vaste espace uni près de la côte est de la baie, où se trouvaient en égale abondance l’eau et le bois, et à une distance convenable des principaux récifs sur lesquels on pouvait se procurer la biche de mer. Nous nous mîmes tous à l’œuvre avec une grande ardeur ; bientôt, au grand étonnement des sauvages, nous eûmes abattu un nombre d’arbres suffisant pour notre dessein, et nous les fixâmes régulièrement pour établir la charpente des bâtiments, qui en deux ou trois jours se trouvèrent assez avancés, pour abandonner en toute confiance le reste de la besogne aux trois hommes que nous devions laisser derrière nous. Ces hommes étaient John Carson, Alfred Harris et… Peterson (tous trois natifs de Londres, à ce que je crois), qui d’ailleurs s’offrirent d’eux-mêmes pour ce service.

À la fin du mois nous avions fait tous nos préparatifs de départ. Cependant nous étions convenus de faire une solennelle visite d’adieux au village, et Too-wit insista si opiniâtrement sur la nécessité de tenir notre promesse que nous ne jugeâmes pas convenable de l’offenser par un refus définitif. Je crois que pas un de nous à cette époque n’avait le plus léger soupçon relativement à la bonne foi des sauvages. Ils s’étaient tous conduits avec les plus grands égards, nous aidant avec empressement dans notre besogne, nous offrant leurs marchandises