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même temps un échantillon de l’animal), trouver la biche de mer en grande abondance. Nous saisîmes avec bonheur cette occasion d’échapper à l’oppression de la foule, et nous signifiâmes notre impatience de partir. Nous quittâmes donc la tente, et, accompagnés par toute la population du village, nous suivîmes le chef à l’extrémité sud-est de l’île, pas très-loin de la baie où notre navire était mouillé. Nous attendîmes là une heure environ, jusqu’à ce que les quatre canots fussent ramenés par quelques-uns des sauvages jusqu’au lieu de notre station. Tout notre détachement s’embarqua dans l’un de ces canots, et nous fûmes conduits à la pagaie le long du récif dont j’ai parlé, puis vers un autre situé un peu plus au large, où nous vîmes une quantité de biche de mer plus abondante que n’en avait jamais vu le plus vieux de nos marins dans les archipels des latitudes inférieures si renommés pour cet article de commerce. Nous restâmes le long de ces récifs assez longtemps pour nous convaincre que nous en aurions facilement chargé une douzaine de navires s’il eût été nécessaire ; et puis nous remontâmes à bord de la goëlette, et nous prîmes congé de Too-wit, après lui avoir fait promettre qu’il nous apporterait, dans le délai de vingt-quatre heures, autant de canards canvass-back et de tortues Galapagos que ses canots en pourraient contenir. Pendant toute cette aventure nous ne vîmes dans la conduite des naturels rien de propre à éveiller nos soupçons, sauf la singulière manière systématique dont ils avaient grossi leur bande pendant notre marche de la goëlette au village.