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qu’on puisse imaginer, et, différant en cela de celles des races les plus infimes dont notre humanité ait connaissance, elles n’étaient pas construites sur un plan uniforme. Quelques-unes (et celles-ci appartenaient aux Wampoos ou Yampoos, les grands personnages de l’île) consistaient en un arbre coupé à quatre pieds environ de la racine, avec une grande peau noire étalée par-dessus, qui s’épandait à plis lâches sur le sol. C’était là-dessous que nichait le sauvage. D’autres étaient faites au moyen de branches d’arbre non dégrossies, conservant encore leur feuillage desséché, piquées de façon à s’appuyer, en faisant un angle de quarante-cinq degrés, sur un banc d’argile, lequel était amoncelé, sans aucun souci de forme régulière, à une hauteur de cinq ou six pieds. D’autres étaient de simples trous creusés perpendiculairement en terre et recouverts de branchages semblables, que l’habitant de la cahute était obligé de repousser pour entrer, et qu’il lui fallait ensuite rassembler de nouveau. Quelques-unes étaient faites avec les branches fourchues des arbres, telles quelles, les branches supérieures étant entaillées à moitié et retombant sur les inférieures, de manière à former un abri plus épais contre le mauvais temps. Les plus nombreuses consistaient en de petites cavernes peu profondes, dont était, pour ainsi dire, égratignée la surface d’une paroi de pierre noire, tombant à pic et ressemblant fort à de la terre à foulon, qui bordait trois des côtés du village. À l’entrée de chacune de ces cavernes grossières se trouvait un petit quartier de roche que l’habitant du lieu plaçait soigneusement à l’ouverture chaque fois qu’il quittait sa niche ; — dans