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même dans le cas où nous trouverions la biche de mer en abondance, nous ne resterions pas là plus d’une semaine pour nous refaire, et que nous pousserions vers le sud pendant que cela nous était possible.

Nous fîmes conséquemment tous les préparatifs nécessaires, et ayant conduit heureusement, d’après les indications de Too-wit, la goëlette à travers les récifs, nous jetâmes l’ancre à un mille environ du rivage, dans une baie excellente, fermée de tous côtés par la terre, sur la côte sud-est de l’île principale, et par dix brasses d’eau, avec un fond de sable noir. À l’extrémité de cette baie coulaient (nous dit-on) trois jolis ruisseaux d’une eau excellente, et nous vîmes que les environs étaient abondamment boisés. Les quatre canots nous suivaient, mais observant toujours une distance respectueuse. Quant à Too-wit, il resta à bord, et, quand nous eûmes jeté l’ancre, il nous invita à l’accompagner à terre et à visiter son village dans l’intérieur. Le capitaine Guy y consentit, et, dix des sauvages ayant été laissés à bord comme otages, un détachement de douze hommes d’entre nous se prépara à suivre le chef. Nous prîmes soin de nous bien armer, mais sans laisser voir la moindre méfiance. La goëlette avait mis ses canons aux sabords, hissé ses filets de bastingage, et l’on avait pris toutes les précautions convenables pour se garder d’une surprise. Il fut particulièrement recommandé au second de ne recevoir personne à bord pendant notre absence, et, dans le cas où nous n’aurions pas reparu au bout de douze heures, d’envoyer la chaloupe armée d’un pierrier, à notre recherche autour de l’île.