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qu’une créature vivante eût jamais habité ce lieu. Autour de la côte, nous trouvâmes par-ci par-là quelques petits blocs de glace, — mais en très-petit nombre. La situation exacte de l’îlot (auquel le capitaine Guy donna le nom d’Îlot de Bennet, en l’honneur de son associé dans la propriété de la goëlette) est par 82° 50′ de latitude sud et 42° 20′ de longitude ouest.

Nous avions alors pénétré dans le sud de plus de huit degrés au delà des limites atteintes par tous les navigateurs précédents, et la mer s’étendait toujours devant nous parfaitement libre d’obstacles. Nous trouvions aussi que la variation diminuait régulièrement à mesure que nous avancions, et que la température atmosphérique, et plus récemment celle de l’eau, s’adoucissaient graduellement. Le temps pouvait s’appeler un temps agréable, et nous avions une brise très-douce mais constante, qui soufflait toujours de quelque point nord du compas. Le ciel était généralement clair ; de temps en temps une vapeur légère et ténue apparaissait à l’horizon sud ; — mais, invariablement, elle était d’une très-courte durée. Nous n’apercevions que deux difficultés : nous étions à court de combustible, et des symptômes de scorbut s’étaient déjà manifestés chez quelques hommes de l’équipage. Ces considérations commençaient à agir sur l’esprit de M. Guy, et il parlait souvent de mettre le cap au nord. Pour ma part, persuadé, comme je l’étais, que nous allions bientôt rencontrer une terre de quelque valeur, en suivant toujours la même route, et que nous n’y trouverions pas le sol stérile des hautes latitudes arctiques, j’insistais chaudement auprès de lui sur la né-