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une mer libre où il n’y avait plus un morceau de glace. En sondant avec une ligne de deux cents brasses, nous trouvâmes un courant portant au sud avec une vitesse d’un demi-mille par heure. La température de l’air était à 47, celle de l’eau à 34. Nous cinglâmes vers le sud, sans rencontrer aucun obstacle grave, jusqu’au 16 ; à midi, nous étions par 81° 21′ de latitude et 42° de longitude ouest. Nous jetâmes de nouveau la sonde, et nous trouvâmes un courant portant toujours au sud avec une vitesse de trois quarts de mille par heure. La variation par azimut avait diminué, et la température était douce et agréable, le thermomètre marquant déjà 51. À cette époque, on n’apercevait plus un morceau de glace. Personne à bord ne doutait plus de la possibilité d’atteindre le pôle.

17 janvier. — Cette journée a été pleine d’incidents. D’innombrables bandes d’oiseaux passaient au-dessus de nous, se dirigeant vers le sud, et nous leur tirâmes quelques coups de fusil ; l’un d’eux, une espèce de pélican, nous fournit une nourriture excellente. Vers le milieu du jour, l’homme de vigie découvrit par notre bossoir de bâbord un petit banc de glace et une espèce d’animal fort gros qui semblait reposer dessus. Comme le temps était beau et presque calme, le capitaine Guy donna l’ordre d’amener deux embarcations et d’aller voir ce que ce pouvait être. Dirk Peters et moi, nous accompagnâmes le second dans le plus grand des deux canots. En arrivant au banc de glace, nous vîmes qu’il était occupé par un ours gigantesque de l’espèce arctique, mais d’une dimension qui dépassait de beaucoup celle