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bateau. À la longue, il se réveilla complètement et parla longuement de ses sensations quand il était dans l’eau. À peine avait-il repris un peu conscience de lui-même qu’il s’était trouvé au-dessous du niveau de l’eau, tournant, tournant avec une inconcevable rapidité, et se sentant une corde étroitement serrée et roulée deux ou trois fois autour du cou. Un instant après, il s’était senti remonter rapidement, quand, sa tête heurtant violemment contre une matière dure, il était retombé dans son insensibilité. En revenant à lui de nouveau, il s’était senti plus maître de sa raison ; — cependant elle était encore singulièrement confuse et obscurcie. Il comprit alors qu’il était arrivé quelque accident et qu’il était dans l’eau, bien que sa bouche fût au-dessus de la surface et qu’il pût respirer avec quelque liberté. Peut-être en ce moment la cabine filait rapidement devant le vent et l’entraînait ainsi, lui flottant et couché sur le dos. Aussi longtemps qu’il aurait pu garder cette position, il eût été presque impossible qu’il fût noyé. Un coup de lame le jeta alors tout à fait en travers du pont ; il s’efforça de garder cette position nouvelle, criant par intervalles : Au secours ! Juste avant d’être enfin découvert par M. Henderson, il avait été obligé de lâcher prise par suite de son épuisement, et, retombant dans la mer, il s’était cru perdu. Pendant tout le temps qu’avait duré cette lutte, il ne lui était pas revenu le plus léger souvenir de l’Ariel ni d’aucune chose ayant rapport à l’origine de la catastrophe. Un vague sentiment de terreur et de désespoir avait pris possession de toutes ses facultés. Quand finalement il fut repêché, toute sa raison l’avait abandonné ; et, comme je l’ai déjà dit, ce ne fut