gouttait dans notre cruche. Nous l’avions presque remplie par ce procédé, quand une forte rafale survenant du nord nous contraignit à lâcher prise ; car notre bateau commençait à rouler si violemment que nous ne pouvions plus nous tenir sur nos pieds. Nous allâmes alors à l’avant, et, nous amarrant solidement au guindeau comme nous avions déjà fait, nous attendîmes les événements avec beaucoup plus de calme que nous ne l’aurions cru possible dans de pareilles circonstances. À midi, le vent avait fraîchi ; c’était déjà une brise à serrer deux ris, et, à la nuit, une brise carabinée, accompagnée d’une houle effroyablement grosse. Cependant l’expérience nous ayant appris la meilleure méthode pour arranger nos amarres, nous supportâmes cette triste nuit sans trop d’inquiétude, bien que nous fussions à chaque minute entièrement inondés, et en perpétuel danger d’être balayés par la mer. Très-heureusement, le temps extrêmement chaud rendait l’eau presque agréable.
25 juillet. — Ce matin-là, la tempête calmée n’était plus qu’une brise à filer dix nœuds, et la mer était si considérablement tombée que nous pouvions nous tenir au sec sur le pont ; mais, à notre grand chagrin, nous vîmes que deux de nos jarres d’olives, aussi bien que tout le jambon, avaient été balayés par-dessus bord, en dépit de tout le soin que nous avions mis à les attacher. Nous résolûmes de ne pas encore tuer la tortue, et nous nous contentâmes pour le présent de déjeuner de quelques olives et d’une petite ration d’eau à moitié étendue de vin ; ce mélange servit beaucoup à nous soulager et à nous ranimer, et nous évitâmes ainsi la douloureuse