rance, et je pus voir dans les physionomies de mes camarades qu’ils avaient pris leur parti de mourir. Le vin leur avait donné une espèce de délire, dont ma dernière immersion m’avait peut-être préservé. Ils bavardaient d’une manière incohérente, et sur des choses qui n’avaient aucun rapport avec notre situation, Peters m’accablant de questions sur Nantucket. Auguste aussi, je me le rappelle, s’approcha de moi, d’un air fort sérieux, et me pria de lui prêter un peigne de poche, parce qu’il avait, disait-il, les cheveux pleins d’écailles de poisson, et qu’il désirait se nettoyer avant de débarquer. Parker semblait un peu moins fortement affecté, et me pressait de plonger encore dans la chambre pour lui rapporter le premier objet qui me tomberait sous la main. J’y consentis, et dès la première tentative, après être resté sous l’eau une bonne minute, je rapportai une petite malle de cuir appartenant au capitaine Barnard. Nous l’ouvrîmes immédiatement, avec le faible espoir qu’elle contiendrait peut-être quelque chose à boire ou à manger ; mais nous n’y trouvâmes rien qu’une boîte à rasoirs et deux chemises de toile. Je plongeai encore, et je revins sans aucun résultat. Comme ma tête sortait de l’eau, j’entendis sur le pont le bruit de quelque chose qui se brisait, et, en remontant, je vis que mes compagnons d’infortune avaient ignoblement profité de mon absence pour boire le reste du vin, et qu’ils avaient laissé tomber la bouteille dans leur précipitation à la remettre en place avant que je ne les surprisse. Je leur remontrai leur manque de cœur, et Auguste fondit en larmes. Les deux autres essayèrent de rire et de tourner la chose en plaisanterie ;
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