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Vendredi, 17 octobre 1828.

Depuis quelque temps Goethe lit avec beaucoup d’ardeur le Globe, et il fait très-souvent de cette feuille le sujet de sa conversation. Les travaux de Cousin et de son école lui paraissent très-importants. « Ces hommes, dit-il, sont bien sur la voie qui conduit au rapprochement entre l’Allemagne et la France ; ils forment une langue qui est tout à fait propre à faciliter l’échange des idées entre les deux nations. »

Le Globe a aussi de l’intérêt pour Goethe, par cette raison que l’on y traite surtout des œuvres contemporaines de la littérature française, et qu’à cette occasion l’on y défend avec vivacité les libertés de l’école romantique, ou plutôt l’affranchissement de règles insignifiantes.

« Qu’est-ce que nous veut, disait-il aujourd’hui, tout le fatras de ces règles d’une époque vieillie et guindée ! Qu’est-ce que signifie tout ce bruit sur le classique et le romantique ! Il s’agit de faire des œuvres qui soient vraiment bonnes et solides, et ce seront aussi des œuvres classiques ! »

Lundi, 20 octobre 1828.

Le conseiller supérieur des mines, M. Nœggerath, de Bonn, qui revient de la réunion des naturalistes de Berlin, a été aujourd’hui accueilli avec grand plaisir par Goethe à sa table. On a beaucoup causé minéralogie ; l’honorable étranger a donné surtout des détails approfondis sur la constitution minéralogique des environs de Bonn. Après dîner, nous allâmes dans la pièce voisine, qui ren-