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visation devenue nécessaire, remis sur le bureau à titre de ne varietur[1]. »

Depuis ces événements, une année s’est déjà écoulée, et ce que nous avons dit montre que, même après la grande explosion politique, nous avons suivi avec attention les résultats de la grande explosion scientifique. Pour rattacher au présent tout ce qui précède, nous dirons, pour terminer, que nous croyons avoir remarqué que depuis ce temps nos voisins se livrent à leurs recherches dans ce champ de la science avec un esprit plus large et plus libre que par le passé.

  1. Geoffroy Saint-Hilaire terminait son résumé par ce passage dont Goethe n’a pas parlé, mais que nous devons citer :

    «… Je ne veux pas reproduire encore ce conflit perpétuel des deux grandes doctrines entre lesquelles le monde savant est partagé depuis si longtemps. — Cette réflexion m’est suggérée par la première autorité de l’Allemagne, à la fois grand poëte et profond philosophe, le célèbre Goethe, qui vient d’accorder à mon ouvrage le plus grand honneur qu’un livre français puisse recevoir. Cet homme célèbre vient en effet d’insérer dans le plus considéré des journaux littéraires de Berlin (Annales de critique scientifique) une analyse très-étendue de ce livre. Là il signale la controverse scientifique, née dans le sein de l’Académie des sciences de Paris, entre M. Cuvier et moi, comme un événement très-important qu’il serait déraisonnable, dit-il, de considérer comme devant seulement conduire à des dissentiments personnels, quand il le faut voir de plus haut, dans son avenir et son utilité générale. Goethe considère une à une les pièces de ce procès scientifique et les pèse dans une balance équitable ; et, bien qu’il ait terminé en s’appliquant ce mot de Montaigne : Je ne juge pas, je raconte, quelque peu de sa sympathie pour l’une des opinions se révèle à qui en cherche la manifestation. Avant d’en venir aux divers sujets de l’ouvrage, qu’il analyse succinctement, Goethe entreprend de prouver qu’étant connus les écrits, les pensées et les faits de caractère des deux naturalistes en dissentiment (ce qu’il expose dans des biographies étendues), le choc survenu en mars dernier était inévitable, car ce n’est pas seulement un parallèle des personnes qu’il présente, c’est aussi une appréciation des deux méthodes, dites à priori et à posteriori, appréciation digne de ce génie supérieur. Dans cette savante analyse des sentiments, circonstances et faits de la dernière lutte, où l’illustre auteur puise ses motifs de croire pour l’avenir à de nouveaux engagements, il aurait donc prévu, et par conséquent, à l’avance, déjà employé notre actuel dissentiment sur la partie supérieure du rocher chez les animaux ovipares. »