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qui elles ouvrent un champ nouveau. Goethe semblait accueillir les idées de son ami avec une espèce de passion juvénile. Il a dit : « Cette découverte est un progrès très-grand dans l’étude de la physiologie des plantes. Le nouvel aperçu sur la tendance spiraloïde est tout à fait en harmonie avec ma théorie des métamorphoses ; elle appartient à la même voie de recherches, mais elle fait faire un pas immense en avant. »

Mardi, 7 octobre 1828.

Aujourd’hui se trouvait à dîner la société la plus animée. Outre les amis de Weimar, il y avait quelques naturalistes revenant de Berlin, et entre autres, placé à côté de Goethe, M. de Martius. On parla gaiement sur les sujets les plus divers. Goethe était dans une excellente disposition et très-communicatif. On causa du théâtre, et surtout du dernier opéra de Rossini, Moïse. On blâmait le sujet, on louait ou on critiquait la musique ; Goethe dit alors : « Je ne vous conçois pas, vous autres, braves enfants, quand vous séparez le sujet et la musique, et que vous pouvez jouir séparément de chaque chose ; vous dites : le sujet ne vaut rien ; mais vous ne l’avez pas vu, et vous avez joui seulement de la musique qui était excellente. J’admire vraiment votre organisation, et vous êtes étonnants d’avoir des oreilles capables d’écouter des sons agréables au même moment où le plus puissant des sens, votre vue, est affligée du spectacle le plus absurde. Et vous ne nierez pas que votre Moïse ne soit vraiment par trop absurde. Déjà, quand le rideau se lève, les personnages sont en prière ! C’est là une inconvenance choquante. Il est écrit : « Si tu veux prier, va dans ta « chambre et ferme la porte sur toi. » — On ne doit pas