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forcent à nous intéresser à des sujets qui nous sont pourtant étrangers. Plus on est au courant de la situation de la France et surtout des questions parisiennes, plus cet ouvrage plaira. Le lecteur allemand passera ou ne fera que feuilleter un grand nombre de chapitres ; l’ennui qu’il aura trouvé dans plusieurs sera compensé par d’autres où l’on traite de sujets importants, d’un intérêt général, et où l’on pénètre dans les grandes questions qui agitent le temps présent.

Les différents chapitres se suivent absolument sans ordre ; on les a, et avec raison, mêlés comme un jeu de cartes. Nous dirons quelques mots sur chacun d’eux pris séparément ; on aura ainsi une idée générale de l’ensemble de l’ouvrage.

Une Maison au Marais (par Henri Monnier). — Peinture des existences les plus pénibles. Personnes âgées, d’habitudes régulières et retirées, très-proches de la misère, formant entre elles une espèce de monde, et vivant dans un certain contentement, obéissant dans tous leurs actes à de vieilles routines, et pour leur rester fidèles, cédant avec douceur aux fantaisies d’autrui. Exemple : La portière, après une dispute avec la laitière, lui défend d’entrer dans la maison. Un vieux commis, ne voulant pas changer d’habitude, va tous les matins assez loin de la maison acheter à cette même laitière son lait et celui de sa voisine.

Le Bourgeois de Paris (par Bazin). — On respire ici un peu plus librement. Mœurs paisibles et honnêtes d’un brave homme qui vit joyeux dans un horizon borné, et qui, dans des circonstances impérieuses, sait bien se conduire et montre certaines qualités.

Une Fête aux environs de Paris (par Ch. Paul de Kock). — Encore un bourgeois de Paris, mais inférieur au précédent. Il oblige sa femme, ses amis, sa famille à faire une excursion dans un village qu’ils ne connaissent pas. De là des embarras de toute espèce ; mais rien ne le trouble ; son étourderie, son manque de réflexion, son entêtement gâtent tous les plaisirs qu’on attendait, mais cela n’a aucun effet sur lui. Il ne voit pas les dangers, et va se jeter dedans ; il compromet tous ceux qui sont avec lui, il reçoit une volée de coups de bâton, mais il reste toujours le même, bourgeois content et tranquille.

La Conciergerie (par Philarète Chasles). — Nous revenons dans les rues les plus étroites de la ville. Un jeune homme de seize ans est arrêté, par hasard, dans une maison où la police a cru