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— B. Brillant. — C. Charmant ; correct. — E. Esprit. — F. Facile ; finesse. — G. Goût ; grâce ; gracieux ; grave. — I. Invention. — J. Justesse. — L. Léger ; légèreté ; libre. — N. Nombreux. — P. Piquant ; prodigieux ; pur. — R. Raisonnable. — S. Spirituel. — V. Verve.

J’avais publié cette liste dans la 3e livraison d’Art et Antiquité. Les mots d’éloge y sont en fort petite quantité, et les mots de blâme très-abondants. Le Vrai Libérateur, journal de Bruxelles, s’est plaint de moi à ce sujet dans son numéro du 4 février 1819, et il m’a accusé d’injustice envers la nation française. Il me fait ce reproche avec une grâce si aimable que ce serait mal à moi de ne pas expliquer le mystère caché derrière cette liste. — J’avoue d’abord sans difficulté que sa remarque est fort juste : parmi les mots de blâme, il s’en trouve de bizarres que l’on n’attendait guère, et, parmi les mots d’éloge, il en manque plusieurs que tout le monde désignerait tout de suite. Pour justifier cette singularité, il faut que je raconte comment j’ai été amené à dresser cette liste.

Il y a quarante ans, lorsque M. de Grimm eut été admis avec honneur dans la haute société parisienne, alors si remarquable par l’esprit et les talents, lorsqu’il fut devenu tout à fait membre de cette réunion d’hommes si éminente, il résolut de rédiger un journal, un bulletin des événements de la littérature et du monde, pour l’envoyer, moyennant une forte rétribution, à des princes et à des personnes riches d’Allemagne.

On était alors très-curieux de connaître en détail la vie des cercles parisiens, parce que Paris pouvait être considéré comme le centre du monde civilisé. Ces journaux ne devaient renfermer que des nouvelles, mais on y inséra les travaux les plus précieux de Diderot, tels que la Religieuse, Jacques le Fataliste, etc. ; on les donnait en petits fragments, pour entretenir la curiosité, l’attention et pour que chaque envoi fût attendu avec anxiété.

Je devais à une haute faveur la communication régulière de ces feuilles que j’étudiais avec une grande attention.

J’ai une qualité dont je peux me vanter : j’ai toujours aimé à reconnaître, à apprécier et à admirer avec reconnaissance les mérites des œuvres que je lisais ; aussi je dus bien vite être frappé d’un caractère de cette correspondance de Grimm : dans