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* Jeudi, 22 avril 1830.

Aujourd’hui, pendant le dîner, on vint dire qu’un étranger qui passait par Weimar, désirait voir Goethe ; cet étranger prévenait en même temps qu’il n’avait pas le temps de s’arrêter et qu’il repartirait demain matin. — Goethe fit répondre qu’il était très-fâché de ne pouvoir recevoir personne aujourd’hui, mais qu’il recevrait peut-être demain à midi. — « Je pense, ajouta-t-il en souriant, que cette réponse suffira. » En même temps il promit à sa belle-fille d’attendre après dîner le jeune Henning, qu’il verrait avec plaisir à cause de ses beaux yeux bruns, qui ressemblent sans doute à ceux de sa mère.

* Mercredi, 12 mai 1830.

Devant la fenêtre de Goethe se trouvait un petit Moïse en bronze, copie du célèbre original de Michel Ange. Les bras me paraissaient proportionnellement trop longs et trop forts, et je le dis à Goethe. « Mais les deux lourdes tables avec les dix commandements ! s’écria-t-il, croyez-vous donc que ce soit peu de chose à porter ? Et croyez-vous aussi que Moïse, qui avait à commander et à dompter une armée de Juifs, aurait pu se contenter de deux bras ordinaires ? »

Goethe riait en parlant ainsi ; avais-je tort, ou plaisantait-il en défendant ainsi son artiste, je ne sais.

* Lundi, 2 août 1830.

Les nouvelles du commencement de la révolution de Juillet sont arrivées aujourd’hui à Weimar et ont mis

    resta en voyage jusqu’au 23 novembre. Les conversations ici recueillies pendant cette absence sont dues à Soret.