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À propos d’un tableau de Cornélius, il m’a dit : « Quand un tableau a une heureuse couleur, la cause doit s’en chercher dans la composition. »

Mercredi, 24 février 1830.

Diné avec Goethe. Nous avons parlé d’Homère. Je fis la remarque que les dieux exerçaient directement leur action sur les événements. « Rien n’est plus délicat, plus humain, dit Goethe, et je rends grâces à Dieu d’être sorti de ce temps où les Français appelaient cette intervention des dieux une machine épique ! Mais, à la vérité, sentir les immenses mérites d’Homère demandait bien quelque temps aux Français, car il ne fallait pour cela rien moins qu’une révolution complète dans leur civilisation. »

Goethe m’a dit ensuite que dans la scène de l’apparition d’Hélène il avait ajouté un trait pour relever encore sa beauté, « rendant ainsi honneur à mon goût, car cette addition avait été provoquée par une remarque de moi. » — Après diner, il me montra l’esquisse d’un tableau de Cornélius[1] ; il représente Orphée devant le trône de Pluton, venant délivrer Eurydice. La composition nous parut bien conçue, les détails très-remarquables d’exécution, cependant l’ensemble ne satisfaisait pas et ne faisait pas plaisir. Il gagnera peut-être en harmonie par le coloris, mais le moment où Orphée a déjà triomphé du cœur de Pluton et emmène Eurydice aurait été sans doute plus favorable. La situation n’aurait pas ce caractère d’attente, d’anxiété qu’elle a maintenant, et elle serait plus agréable.

    Hroswitha ; peut-être vous serait-il difficile de vous procurer la brochure. » (Suit la citation. — V. Villemain, Tableau de la littérature au moyen âge, tome II, page 221. Édit. in-12.)

  1. Pour Munich.