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Il me donne à lire une lettre de Boisserée, écrite de Munich, lettre qui lui a fait grand plaisir. Boisserée parle du Voyage en Italie, et de quelques points de la dernière livraison d’Art et Antiquité. Il montre dans ses jugements autant de bienveillance que de pénétration, et nous avons causé longtemps de la rare instruction et de l’activité de cet homme remarquable. Voici les passages principaux de cette lettre : « Vous êtes arrivé, dans vos Mémoires, à l’époque où vous fîtes imprimer votre article sur Erwin de Steinbach ; j’espère que vous le réimprimerez de nouveau ; la forme que vous avez adoptée pour raconter votre second séjour à Rome se prête très-bien à l’insertion de pareils travaux. J’ai lu ce vingt-neuvième volume de vos œuvres avec le plus grand intérêt ; la publication des lettres écrites pendant votre voyage donne au récit de la vie et de la fraîcheur ; il semble que l’on soit présent partout. Les notes rapides que vous avez ajoutées entre les lettres suffisent pour combler les lacunes, et les chapitres plus longs, insérés de place en place, augmentent la variété et la valeur de l’œuvre ; ce sont pour ainsi dire des lieux de repos d’où notre œil, cessant de suivre un instant la vie agitée de l’auteur, se tourne vers le monde qui l’entoure. La description du carnaval romain produit ainsi un très-bon effet ; comme contraste à ces folies, nous trouvons le portrait de Philippe de Neri, qui nous révèle avec une vérité et une impartialité que je n’ai encore vues nulle part aussi marquées, tout un côté très-original de la vie religieuse des catholiques. — On est profondément frappé de l’ardeur sincère, passionnée même avec la-

    fections ou aux haines, jusqu’à ce qu’enfin arrive le jour décisif ; alors il ne reste plus qu’à contempler, avec étonnement, le fait accompli, apparu tout à coup comme une divinité. » Ailleurs il appelle la lecture quotidienne des journaux « du Shandysme. »