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« — Cette parole de la conclusion n’est pas facile à oublier, et elle est bien significative. »

« — Oui, dit Goethe, on pourrait y trouver à ronger pendant quelque temps. Un père qui a six enfants est perdu, quoi qu’il fasse. Les rois aussi et les ministres, qui ont donné de grandes places à beaucoup de personnes, peuvent dans leur expérience trouver des faits qui leur rappelleront ce mot. »

Je revis en esprit le songe de Faust sur Léda, et ce passage me parut un des plus remarquables du poëme. « C’est étrange, dis-je, comme dans cette œuvre les détails se rapportent les uns aux autres, agissent les uns sur les autres, se complètent et se font valoir ! Hélène qui viendra plus tard, trouve son origine dans ce rêve du second acte sur Léda. On parle dans Hélène de cygne, d’enfant de cygne ; ici, l’action elle-même apparaît, et quand plus tard, avec le souvenir de ce tableau, on arrivera à Hélène, comme tout paraîtra plus clair, plus complet ! »

Goethe me donna raison, et je vis que ma remarque lui faisait plaisir. « Vous trouverez aussi, me dit-il, que déjà dans ces premiers actes commencent à résonner les noms de classique et de romantique ; on en parle déjà pour que le lecteur soit conduit, comme par une route qui se lève peu à peu, jusqu’à Hélène, où les deux formes de poésie font leur apparition complète pour être amenées à une espèce de réconciliation.

« Les Français, continua-t-il, commencent à juger sainement cette question. Tout est également bon, disent-ils, tout se vaut, classique ou romantique ; il s’agit seulement de se servir de ces formes avec intelligence et de créer des œuvres excellentes. On peut être avec l’une et avec