Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Prenez cette feuille sur le pupitre et regardez-la, dit alors Goethe. » — « Cette enveloppe de lettre ? » — « Oui. Eh bien, que dites-vous de cette écriture ? N’y avait-il pas dans l’esprit de l’homme qui a écrit cette adresse quelque chose de grand et de libre ? À qui pourriez-vous l’attribuer ? » — J’examinai la feuille. Les lettres étaient tracées d’une manière très-libre et très-large. — « Merck pourrait avoir écrit ainsi ? » — « Non, dit Goethe, il n’était ni assez noble ni assez positif. C’est de Zelter ! Il a été favorisé pour cette adresse par le papier et par la plume, et l’écriture peint parfaitement son grand caractère. Aussi je mettrai cette enveloppe dans ma collection d’autographes. »

Vendredi, 3 avril 1829.

Dîné chez Goethe avec le directeur général des bâtiments Coudray. Celui-ci a parlé d’un escalier du château grand-ducal du Belvédère, que depuis des années on trouvait très-incommode ; l’ancien maître avait toujours douté qu’on pût le refaire, mais le jeune prince actuel a décidé sa restauration, et elle réussira parfaitement. — Coudray a parlé aussi du progrès des routes. — Il a fallu faire faire un petit détour à la route qui conduit à Blankenhain[1], parce qu’elle passe par-dessus les collines, et il y avait deux pieds de pente ; même encore maintenant, il y a de place en place dix-huit pouces. — Je demandai à Coudray quelle devait être la hauteur normale des pentes. — « Dix pouces, voilà la hauteur commode. »

— « Mais, dis-je, dans toutes les routes qui environnent Weimar, on trouve à très-peu de distance des endroits

  1. Village à quelques lieues de Weimar.