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vais à traiter. Grâce aux paroles de Goethe, j’ai gagné plusieurs années de sagesse et de progrès ; je sens au plus profond de mon âme quel inappréciable avantage il y a à rencontrer un vrai maître. Que n’apprendrai-je pas encore cet hiver près de lui ; que ne gagnerai-je pas par sa seule société, même dans les instants où il ne dit rien de frappant ! Sa personne, son seul voisinage, me semblent pleins d’enseignements, même lorsqu’il ne prononce pas un seul mot.

Weimar, jeudi 2 octobre 1823.

Hier, je suis revenu par un très-beau temps d’Iéna. Aussitôt après mon arrivée, Goethe, pour ma bienvenue à Weimar, m’a envoyé un abonnement au théâtre. Toute la maison de Goethe était en mouvement par suite des visites que font dans ce moment l’ambassadeur français Reinhard[1] et le conseiller de gouvernement prussien Schultz[2], arrivés de Berlin.

Ce matin, je suis allé chez Goethe. Il s’est félicité de mon arrivée et s’est montré plein de bonté et d’amabilité. Au moment où je voulais partir, il m’a dit : « Il faut que je vous fasse faire la connaissance du conseiller de gouvernement Schultz. » Il me conduisit dans la chambre voisine, me présenta et nous laissa, causant ensemble. « Il est très-heureux, me dit alors M. Schultz, de vous voir rester à Weimar pour aider Goethe à rédiger ses œuvres inédites. Il m’a dit tout le secours qu’il se promet de votre collaboration et il es-

  1. Ami intime de Goethe. Leur correspondance (1807 à 1832) a été publiée en 1850.
  2. Mort en 1834. Homme d’État influent ; il a publié plusieurs écrits sur l’histoire et sur les sciences. Il était partisan de la théorie des couleurs de Goethe.