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idée de la théorie des couleurs. « La lumière blanche, dit-il, n’est pas du tout la réunion de couleurs différentes ; la lumière seule ne peut produire aucune couleur, il faut une certaine modification, un certain mélange de lumière et d’ombre. »

* Mardi, 15 mai 1823.

J’ai trouvé Goethe occupé à réunir ses petites poésies et les billets écrits à différentes personnes. « Autrefois, dit-il, je traitais mes affaires plus légèrement, je négligeais de conserver des copies ; des centaines de poésies de ce genre se sont perdues. »

* Lundi, 2 juin 1823.

Le Chancelier, Riemer et Meyer étaient chez Goethe. On a parlé des poésies de Béranger, et Goethe en a commenté et paraphrasé quelques-unes avec beaucoup d’originalité et de bonne humeur. Ensuite on a causé physique et météorologie. Goethe a la pensée de composer une théorie des lois de la température, il y attribuera l’élévation et l’abaissement du baromètre à l’action unique du globe terrestre[1].

« Messieurs les savants, et surtout messieurs les mathématiciens, continua Goethe, ne manqueront pas de trouver mes idées fort ridicules, ou ils feront encore mieux, ils se donneront le ton de ne pas en prendre la moindre connaissance. Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’ils disent que je ne suis pas du métier.

— L’esprit de caste des savants, repris-je, est pardon-

    jeux de mois français ou latins. Notre langue prête plus que la leur à ce genre de divertissement.

  1. Pensée réalisée. — Voir ses Œuvres scientifiques.