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milieu des acclamations des spectateurs émus, couronné de laurier. Après la représentation, madame de Heigendorf s’est rendue chez Goethe. Elle avait encore le costume de Léonore, et elle lui a présenté la couronne du Tasse que Goethe a acceptée pour en orner le buste de la grande-princesse Alexandra[1].

* Mercredi, 1er avril, 1823.

J’ai apporté à Goethe, de la part de Son Altesse Impériale, un numéro du journal français la Mode, dans lequel on parlait d’une traduction de ses œuvres. À cette occasion nous avons causé du Neveu de Rameau, dont l’original a été longtemps perdu. Plusieurs Allemands ont cru que cet original n’avait jamais existé et que tout était invention de Goethe. Mais Goethe assure qu’il lui aurait été absolument impossible d’imiter les fines peintures et le style de Diderot, et que le Rameau allemand n’est rien de plus qu’une très-fidèle traduction.

* Vendredi, 3 avril 1823.

Passé une partie de la soirée chez Goethe avec M. le directeur général des bâtiments Coudray. Nous avons causé du théâtre et des améliorations qui y ont été introduites depuis quelque temps. « Je le remarquais, dit Goethe en riant, sans y aller. En effet, il y a deux

    tragédienne, elle joua à Weimar avec le plus grand succès, de 1797 à 1828. Charles-Auguste, dont elle fut longtemps aimée, lui donna la terre de Heigendorf. De ses relations avec Charles-Auguste sont nés deux fils, aujourd’hui tous deux officiers, et une fille, morte dame d’honneur du duc Bernard de Weimar, fils de Charles-Auguste. Madame de Heigendorf est morte il y a une dizaine d’années.

  1. Épouse de l’empereur Nicolas. Elle était fille du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, et devint par son mariage belle-sœur de Maria Paulowna, grande-duchesse de Saxe-Weimar.