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m’a prié de la lui traduire. Il paraît que Goethe avait écrit le premier au célèbre poëte anglais, et cette lettre est une réponse. Walter Scott écrit :

« Je me sens très-honoré qu’une de mes œuvres ait été assez heureuse pour s’attirer l’estime de Goethe, aux admirateurs duquel j’appartiens depuis l’année 1798, année où, malgré mon peu de connaissance de la langue allemande, je fus assez hardi pour traduire en anglais Gœtz de Berlichingen. Dans cette entreprise de jeune homme, j’avais tout à fait oublié que ce n’est pas assez de sentir la beauté d’un ouvrage de génie, mais qu’il faut aussi entendre à fond la langue dans laquelle il est écrit pour réussir à rendre sensible aux autres une pareille beauté. Cependant cet essai de jeunesse a encore pour moi quelque valeur, parce qu’il montre du moins que je savais choisir un sujet digne d’admiration.

« J’ai souvent entendu parler de vous, et cela par mon gendre Lockart, jeune littérateur distingué qui, il y a quelques années, avant d’être allié à ma famille, avait l’honneur d’être présenté au père de la littérature allemande. Au milieu du grand nombre de ceux qui se sentent le besoin de vous témoigner leur vénération, il est impossible que vous puissiez vous rappeler chaque individu, mais je crois que personne n’a eu pour vous des sentiments plus profonds que ce jeune membre de ma famille.

« Mon ami sir John Hope de Pinkie a eu dernièrement l’honneur de vous voir, et j’espérais vous écrire ; je pris en effet cette liberté plus tard, à l’occasion d’un voyage en Allemagne que deux de mes parents avaient l’intention de faire ; mais, la maladie les ayant empêchés d’exécuter leur dessein, ma lettre me revint après deux ou