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pose sur la même méthode d’observation et de déduction. Ce qui s’est passé pour ma Métamorphose des plantes est étrange ; j’y vins comme Herschell vint à ses découvertes. Il était si pauvre qu’il ne pouvait acheter aucun télescope, et il fut obligé de s’en fabriquer un lui-même. Mais ce fut là son bonheur, car ce télescope de sa propre fabrique était meilleur que tous les autres, et c’est avec son aide qu’il fit ses grandes découvertes. C’est aussi par le chemin de l’expérience que je suis entré dans la botanique. Je me rappelle encore très-bien que la science me paraissait trop vaste, lorsque j’en venais à la division en familles, et je n’avais pas le courage de l’étudier. Je fus poussé à me tracer une route pour moi, et à chercher un lien de ressemblance entre toutes les plantes ; c’est ainsi que je découvris la loi des métamorphoses. Je ne cherche pas du tout en botanique à augmenter le nombre des connaissances isolées ; je laisse cela à d’autres, qui me surpassent en ce genre. Je n’ai cherché qu’à ramener les faits isolés à une grande loi générale.

La minéralogie, de même, n’a eu d’intérêt pour moi qu’à deux points de vue : d’abord à cause de sa grande utilité pratique, et ensuite parce que j’espérais trouver par elle des documents sur la formation du monde primitif, espérance que donnaient les théories de Werner. Mais depuis la mort de l’excellent homme, on a tout mis dans la science sens dessus dessous, et je ne travaille plus ouvertement ; je conserve en silence mes convictions. — Dans la théorie des couleurs, il me reste encore à développer mes idées sur l’arc-en-ciel, ce que je ferai bientôt. C’est un problème excessivement difficile que j’espère cependant résoudre. Aussi j’ai du plaisir à revoir avec vous toute la théorie des couleurs, car,