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plaira à ouvrir ses riches portefeuilles, où il fait collection de dessins et de ce qui est parfait en tous genres ; — Zelter, musicien : celui-là est à Berlin, mais il ne cesse de correspondre avec Goethe, et leur Correspondance (non traduite) ne fait pas moins de six volumes ; Zelter tient Goethe au courant des nouveautés musicales, des talents et des virtuoses de génie, et, entre autres élèves célèbres, il lui envoie un jour Mendelssohn, « l’aimable Félix Mendelssohn, le maître souverain du piano, » à qui Goethe devra des instants de pure joie par une belle matinée de mai 1850 ; — puis Coudray encore, un architecte, directeur général des bâtiments à la Cour. Tous les arts ont ainsi un représentant auprès de lui. Mais il y a autre chose que les arts ; Goethe aura donc, pour compléter son Encyclopédie ou son Institut à domicile, — M. de Müller, chancelier de Weimar : c’est un politique distingué ; il tient Goethe au courant des affaires générales de l’Europe ; — Soret, Genevois, précepteur à la Cour, savant : il traduit les ouvrages scientifiques de Goethe, et met en ordre sa collection de minéraux. N’oublions pas sa belle-fille, madame de Goethe, Ottilie : elle lui sert volontiers de lectrice ; elle a fondé un journal polyglotte à Weimar, le Chaos, où toute la société weimarienne écrit ; les jeunes gens anglais ou français qui y séjournent, surtout les dames, tout ce monde collabore et babille dans cette Babel, chacun dans sa langue. « C’est une très-jolie idée de ma fille, » disait Goethe. Partout ailleurs, c’eût été un affreux guêpier de bas-bleus : là, ce