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tré déjà au public son rare talent. Vendredi soir il a, en présence de la cour de Weimar et devant de nombreux auditeurs, donné une belle séance d’improvisation. Goethe, ce soir-là même, l’invita à venir le voir le lendemain matin. Il improvisa devant Goethe pendant cette matinée. Le soir je le vis, il paraissait très-heureux, disant que cette heure ferait époque dans sa vie, parce que Goethe, en quelques paroles, avait ouvert une nouvelle route devant lui, et parce que dans ses critiques il avait touché juste le point délicat.

Quand j’allai chez Goethe, nous parlâmes tout de suite de Wolff, et je dis : « Le docteur Wolff est très-heureux d’avoir reçu de Votre Excellence un bon conseil. »

« — J’ai été sincère avec lui, dit Gothe, et si mes paroles ont produit sur lui de l’effet et l’ont stimulé, c’est très-bon signe. Il a décidément du talent, il ne faut pas mettre cela en doute, mais il souffre de la maladie universelle du temps actuel : l’excès de retour sur soi-même, et de cela je voudrais le guérir. Je lui ai donné un sujet pour l’éprouver. Peignez-moi, lui dis-je, votre Retour à Hambourg. Il fut prêt immédiatement, et il commença à parler en vers pleins d’harmonie. Il me fallait l’admirer, mais je ne pus le louer. Vous ne m’avez pas peint, lui dis-je, le Retour à Hambourg, mais les sentiments d’un fils revenant vers ses parents, ses amis, et cette poésie pourrait aussi bien convenir pour un retour à Mersebourg ou à Iéna que pour un retour à Hambourg. Et cependant quelle ville remarquable, originale, que Hambourg ! et quel champ riche elle offrait aux descriptions les plus intéressantes par leurs détails, s’il avait su et osé saisir l’objet comme il le fallait ! »

J’observai que le public devait porter la faute des pen-